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DÉCRYPTER LES SIGNES ET SOIGNER LES PRATIQUES

L'audit TopAlim d'Optival comprend l'intervention d'un conseiller pendant une demi-journée. Il est fondé sur une série de mesures visant à identifier la source des écarts observés entre une ration théoriquement bien calée et la réponse en lait du troupeau.© OPTIVAL

La manière dont l'éleveur met en oeuvre une ration conditionne son efficacité. Et celle-ci peut s'estimer à la lecture de signes extériorisés par les laitières.

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CERTAINS FACTEURS AUTOUR DE L'ALIMENTATION peuvent compromettre l'efficacité d'une ration bien conçue et équilibrée. « Les pratiques de l'éleveur (stockage, mise à disposition à l'auge, transitions, etc.) peuvent fausser les résultats attendus d'une bonne ration sur le papier, explique Jérôme Larcelet, conseiller spécialisé en nutrition à Optival. C'est pourquoi au travers du diagnostic TopAlim, nous passons en revue, via une cinquantaine de critères d'analyse et d'observation, l'ensemble des pratiques autour de la ration. »

En préventif ou en cas de problème avéré, l'audit détecte les dysfonctionnements en observant les façons de faire de l'éleveur, du silo à l'auge, ainsi que les comportements et signes exprimés par ses vaches, révélateurs de la façon dont elles valorisent l'alimentation. Autant d'éléments qui conditionnent ou reflètent directement l'efficacité alimentaire, « à optimiser en tenant compte des coûts, mais à maximiser en début de lactation ».

PRÉSENTER UNE RATION DE QUALITÉ

Bien conserver les fourrages et les concentrés reste un principe de base. « Un silo qui a tendance à chauffer, c'est un risque de dégrader le fourrage, de le rendre peu appétent. Quelques kilos mal conservés peuvent pénaliser l'ingestion de toute la ration ! », pointe Jérôme Larcelet.

Sur cinquante audits TopAlim conduits sur des rations hivernales depuis 2013 (90 % ont été menés à titre préventif pour « vérifier » les pratiques), plus de la moitié des silos dépassent les limites de température pour une bonne conservation. Outre le tassement, la grande taille des silos de maïs est en cause. « Elle ne permet pas une progression suffisante du front d'attaque. Il faut viser 15 cm/j minimum, donc dimensionner les silos pour tenir ce rythme ! » À l'auge, la structure de la ration est « l'un des points clés pour maximiser l'ingestion, objectif important en début de lactation, et éviter les problèmes métaboliques », insiste Jérôme Larcelet. Trop grandes, les particules pénalisent l'ingestion et favorisent le tri. Trop fines ou laminées par la mélangeuse, elles favorisent l'acidose.

Sur les cinquante audits réalisés, après tamisage, « plus des deux tiers des rations présentaient à la fois trop de particules grossières (plus de 19 mm) et trop de particules fines (moins de 4 mm) ». Le conseiller identifie une mauvaise utilisation des mélangeuses, concernant l'ordre de chargement et le temps de mélange. Augmenter ce dernier lorsqu'on ajoute du fourrage sec pour « sécuriser la ration » conduit souvent « à défibrer l'ensilage, sans parvenir à réduire les brins de fourrage à 2-3 cm ». De l'eau à volonté, tempérée (10-15°C), est essentielle. « Une restriction en eau de 25 % diminue l'ingestion de 10 % », chiffre le conseiller, constatant des problèmes d'abreuvement, surtout en quantité, dans la moitié des élevages audités. À ne pas négliger non plus : le nombre de places à l'auge, le confort et la propreté de celle-ci et la bonne locomotion des vaches. Examiner et peser les refus permet de juger de la consommation et la suffisance de la ration. Ces surplus doivent être consommables, de composition proche de la ration, et représenter 5 % de ce qui a été distribué (en dessous, le troupeau n'a pas à volonté ; au-dessus, il gaspille).

OBSERVER LES VACHES

L'effectif qui rumine traduit la capacité de la ration à assurer cette fonction. Objectif : avoir au moins trois quarts des vaches qui ruminent au repos. Si tel n'est pas le cas, la fibrosité de la ration doit être revue. La fréquence de la mastication, source de salive, au rôle tampon pour le rumen, est aussi à considérer. Satisfaisante autour de 60 coups de mâchoire par bol alimentaire, cette fréquence alerte sur un manque de fibres (acidification du rumen) lorsqu'elle chute à 50 coups de mâchoire et moins.

Le remplissage du rumen permet d'apprécier la consommation de la ration et sa vitesse de digestion. Il s'évalue sur le creux du flanc, du côté gauche de la vache, à partir d'un triangle apparent ou non. L'état de remplissage varie de 1 (triangle très prononcé) à 5 (triangle disparu). Les objectifs vont de 2 au vêlage à 4 au tarissement, « une note basse sur l'ensemble de son troupeau doit mettre en alerte l'éleveur sur la consommation ou la digestion de sa ration », souligne Jérôme Larcelet.

LES TARIES EN LIGNE DE MIRE

L'état corporel s'évalue, en observant la vache du côté droit, par une note en fonction du stade de lactation et comparativement à une note théorique. Une baisse d'un point et plus en début de lactation et des notes supérieures à 3,5 en fin de lactation témoignent de risques métaboliques et de la nécessité de revoir l'alimentation.

Les bouses, par leur aspect et par une évaluation après tamisage de la proportion de particules non digérées, rendent compte de la vitesse de transit et de la valorisation de la ration « non optimale si on retrouve des grains de maïs, des fibres de plus de 5 mm ». Les vaches taries sont à observer spécifiquement sur ces points. Car ils renseignent sur le problème récurrent de la mauvaise préparation avant vêlage (près de 80 % des élevages audités). Cette période doit « absolument permettre de maximiser l'ingestion pour pouvoir gérer le déficit énergétique en début de lactation ».

CATHERINE REGNARD

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